French Way

J’écoute Michel Delpech sous ma douche. Ca soigne le mal du pays, beaucoup plus que de retrouver du Perrier chez Fahed.

Je vais chez Dunkin’ Donuts avec le Chat. J’aime bien ces parenthèses enchantées de bavardage avec mon colocataire. Un aspirant journaliste lui aussi. Dans ma classe, en fait. Il aura fallu Beyrouth pour converser. Les pintades habillées comme des bonbons Créma, les ados aux looks US casual ordi sur les genoux, les couples un peu précaires dont c’est la sortie extra de la semaine… La  faune est amusante. Le serveur s’appelle quand même Charbel, comme ça on peut se rappeler qu’on est au Liban quand même.

C’était une excellente idée de se préparer à sortir dans de bonnes conditions (en regardant Neuilly ta mère – après Michel Delpech… je vis dans une coloc « joie et bonheur au pays du beurre »). Parce que ça allait être une soirée de compet.

J’ai pris un taxi qui ressemble à ceux en bas de chez moi le samedi soir. A l’avant il y avait son pote, ils écoutaient du r’n’b et ils rigolaient en fumant des clopes. Bon, je ne sais pas si ils allaient à un équivalent de la Scala après minuit, ou s’ils faisaient la tournée des boîtes à pin-ups en fin de soirée comme leurs collègues parisiens, mais c’était amusant.

Je me dis toujours que je ne comparerais rien en arrivant dans un pays étranger. Après je me rend compte que c’est complètement ridicule et illusoire.

J’ai rendez vous chez la Môme que j’ai rencontrée à la garden party. Parents géographes, lointaine banlieue mais plutôt parisienne, voyageuse effrénée, mini format ravissant, bavarde comme une pie, et très « campus ». Il y a aussi un coloc qui part à Kuala Lumpur. Un journaliste que nous appellerons Rouletabille. Un Libanais hilare et hilarant, qu’on appellera Jim en hommage aux Doors. Et puis Géo Trouve tout.

Ce pre-game au vin rouge amuse tout le monde. Je me demande si les Américains expats font la fête différement quand ils sont à l’étranger. Parce que nous, Européens, par exemple, on fait la fête partout pareil à Cayenne, à Shanghai, à New York, à Naplouse, ou à Beyrouth. Peut-être qu’à Hodeida, c’est un peu différent malgré tout.

Ensuite, il faut sortir. Dans un bar d’Hamra, quartier à l’identité assez dure à appréhender. Un labyrinthe de ruelles avec des bars, parfois des façades très Las Vegas, d’autres fois beaucoup plus cosy, on se croirait dans une cour intérieure du Marais. Il y a cette rue où l’on ne parle pratiquement que français. Et c’est justement là que nous avons attéri. Pour parler de la province française avec des Libanais très élégants, de la politique publique dans le domaine culturel au Moyen Orient avec le Prince des bacs à sable -très remonté,  et de la pureté de la Môme avec un beyrouthin visiblement à bien plus de deux grammes d’alcool. Curieux de penser qu’ivre caisse les délires de ce type se portent sur la pureté indéniable des femmes. Dire à une fille qu’elle est pure quoiqu’elle fasse: bonne technique de drague?

Très tard, nous avons quittés ce bar arty où l’on peut/doit écrire sur les murs, non sans être passés par la case conciliabules au sous sol, et réflexions sur le PS, le Moyen Orient, la disparité hommes/femmes, la mondialisation, … Très habituel.

Et finalement, nous sommes arrivés chez Rouletabille et Jim où le soleil se levait, et où entre une drogue devenue Sacré Graal pour Géo-trouve-tout, un canapé bien accueilli par la Môme, et des pâtes absolument divines-exquises-sublimes-fabuleuses servies avec un soin notable par Rouletabille (expert en toast comté/tapenade), nous avons alimenté une conversation absolument (vas)/(délici)euse. Sous le soleil, slalomant entre les grosses voitures parées de tulle rose bonbon, nous sommes rentrés chez nous déclinant la dernière vodka sur le toit du Prince du bac à sable, parce que n’est pas Serge Gainsbourg qui veut?